Durant la décennie noire du terrorisme, les
agglomérations de Fellaoucène (Grands monts de Trara) ont souffert le
martyr. Nichées sur les versants des montagnes de Fellaoucène, à une
vingtaine de kilomètres de Nedroma, ces villages desservis par la RN 35
et RN 98, vivaient sous les incursions répétitives des groupes armés,
qui prenaient les immenses forêts de Fellaoucène comme base de repli
après leurs effroyables actes commis contre des innocents lors de faux
barrages dressés sur la route. Aidés par le relief accidenté et très
dense des montagnes et falaises, ces groupes armés faisaient irruption
dans les hameaux et villages à proximité de leurs lieux de refuge,
constitués de casemates ou de grottes, soigneusement dissimulés par la
végétation dans le vaste maquis de Fellaoucène.
En 1994, le parc de la commune d'Ain
Fettah a été complètement incendié et plusieurs personnes ont été
froidement assassinées devant leurs proches. A cette époque, il n'y
avait ni brigade de gendarmerie, ni garde communale, ni patriotes dans
ces agglomérations. Livrée à elle-même, la population vivait le
calvaire.
Mais, petit à petit, les choses commencent à changer et les
habitants d'Ain Fettah, Ain Kébira, Bordj Arima et Béni-Ouarsous
décident de réagir pour protéger leurs familles, leurs biens et leurs
institutions. A Ain Fettah, de nombreux habitants s'organisent pour
riposter aux criminels, à limage de Bouzar, Belbachir, Bensaim, Zirar
(Ami Yekhlef), Mouadene, Lehmak, Benzeghadi (dit Zritla), Chelali et
tant d'autres de patriotes, gardes communaux ainsi que les éléments de
la gendarmerie, qui veillaient avec une grande vigilance sur le village
et guettaient jour et nuit les entrées et sorties d'Ain Fettah.
Plusieurs accrochages ont eu lieu avec les groupes armés qui rôdaient
tout autour. La population a retrouvé la paix et les familles ayant fui
leur village ont regagné leurs maisons et leurs terres. Non loin de
Boutrak, un autre attentat a été commis en 1994, contre l'ex-chef daïra
de Bordj-Arima, M. Affane. Il a été lâchement tué dans un faux barrage
dressé par des terroristes au lieudit douar Taouia, situé à un jet de
pierre d'Ain Fettah. Le tronçon de la RN 98 reliant la RN 35 à Ghazaouet
et Nedroma, avait une triste réputation. C'était le couloir de la mort
notamment au lieudit Sidi-Moussa où les attaques et faux barrages
terroristes pendant les années 1993, 94, 95 et 96, se multipliaient. De
nombreux agents de la police et militaires qui prenaient quotidiennement
cette route pour regagner leur boulot à Remchi, Hennaya, Tlemcen, Aïn-Temouchent, Sidi Bel-Abbès et Oran,
ont laissé leur vie lors de faux barrages dressés dans les virages
accentués de la forêt de Fellaoucène, que les terroristes choisissaient
pour commettre leurs massacres, et se replier ensuite vers les sommets
et crêtes des montagnes dominant les parages. En fait, les groupes armés
détournaient tous les semi-remorques et camions chargés de produits
alimentaires vers la forêt. Il était quasi impossible de s'aventurer sur
cette route au-delà de 16 heures. Ce tronçon routier n'a retrouvé sa
sécurité qu'après l'installation d'un détachement de l'armée nationale
pour rassurer les usagers de cette route.
Cette situation a encouragé
les automobilistes à circuler à toute heure et en toute quiétude sur ce
tronçon. Aujourd'hui, les habitants de toutes ces localités tentent de
panser les plaies de la décennie noire. Soudés par les épreuves
auxquelles ils avaient fait face, les victimes du terrorisme, les
familles de terroristes, les patriotes et gardes communaux, vivent
aujourd'hui côte à côte et tentent de tourner la page du terrorisme qui
avait pris en otage l'Algérie et son peuple.
Khaled Boumediene
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 01 - 10 - 2017
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