jeudi 4 avril 2024

La riposte hydrique au changement climatique en Algérie

Algérie et sécurité hydrique,

la wilaya de Tlemcen a aussi ses usines de dessalement  

1.Chacun a son «château d'eau» directement raccordé à ses robinets. 

La citerne de secours de grande contenance est incontournable, posée sur le balcon ou à la terrasse, sur le palier près de la porte ou quelque part dans l'appartement, au point où rares sont ceux qui se plaignent de la pénurie d'eau ou de son rationnement sauf quand la fréquence de distribution n'est pas respectée et que la durée de coupure épuise les réserves du «château d'eau» domestique.

2.Pour la boisson, c'est l'eau en bouteille. 

Selon un article récent (janvier 2024, http://www.univ-chlef.dz/revuenatec), « la consommation des eaux minérales embouteillées en Algérie connait une certaine croissance ».

3.L'eau dessalée au robinet

Depuis quelques années, dans plusieurs villes côtières, les Algériens ont de l'eau dessalée au robinet, et à l'avenir, le changement climatique aidant, ils seront encore plus nombreux. Personne ne peut prétendre savoir ce qu'ils en pensent. 

4. Fin 2024,  cinq stations de dessalement d'eau de mer.

Le Président Abdelmadjid Tebboune insiste sur l'achèvement des usines de dessalement, pour l'approvisionnement en eau potable des habitants des wilayas du littoral et des wilayas distantes de 150 km de ces infrastructures.
Elles sont implantées à Cap Djinet (Boumerdès), Cap Blanc (Oran), Koudiet Draouche (EI Tarf) et Tighremt (Béjaïa). Actuellement, les usines en service depuis 2003, fournissent 17% de l'eau consommée en Algérie.

5. Entre 2025 et 2030, sept autres stations seront réalisées

Les futurs réalisations seront dans les wilaya  de TlemcenMostaganemTizi Ouzou (2 stations), ChlefJijel et Skikda, ce qui portera le taux à 60%, couvert par 25 stations de dessalement au total. Ce nouveau programme sera sans doute confié à l'Agence nationale de dessalement de l'eau de mer (ANDE), récemment créée, qui pourrait prendre le relais de l'Algerian Energy Company (AEC, créée en 2001 par Sonatrach et Sonelgaz).

6. Depuis  2021, le dessalement est  exclusivement "Algérien" 

Notamment deux filiales de Sonatrach, la Société algérienne de réalisation de projets industriels (SARPI) et l'Entreprise nationale de canalisations (ENAC), ainsi que le groupe public Cosider. Cette algérianisation est un motif de fierté permettant la réduction du coût et du délai de réalisation, en plus de promouvoir la production nationale et renforcer la souveraineté nationale dans la sécurité hydrique.

7. Contrainte importante : 
les filtres et les membranes d'osmose ainsi que d'autres équipements, qui forment le cœur des stations de dessalement, sont importés. La démarche d'algérianisation exige, en outre, la formation des techniciens aux équipements des stations.

8. Fin 2002, L'expérience "Hydro Traitement" dessalement en Algérie

Il faut rendre justice au personnel algérien d'une entreprise publique, Hydro Traitement, qui a, dès le début des années 2000, en octobre 2002 précisément, permis aux habitants de Skikda, à 400 km à l'Est d'Alger, d'avoir la primeur de boire de l'eau de mer dessalée grâce à la station qu'ils ont installée en un temps record, aux abords de la plage Ben M'hidi. 
 Sur les 21 stations de petites capacités, prévues dans le programme d'urgence du Gouvernement, décidé en 2002, Hydro Traitement en a installé 13. Son P-dg, Mokhtar Tarakli, plaidait pour le dessalement. Ses arguments : «Nous sommes dans une des régions du monde les plus défavorisées en matière de disponibilité hydrique et notre pays ne dispose ni de grands fleuves, ni de grands lacs, ni de grands sites pour abriter les immenses barrages en mesure de stocker l'eau dont on a besoin pour l'alimentation» (Les risques écologiques en Algérie. Quelle riposte ? Editions APIC, 2005).

9. Des banques algériennes et des déconvenues 

A l'époque, deux banques privées algériennes, Khalifa Bank et la Banque commerciale industrielle d'Algérie (BCIA), inconnues dans la famille de l'eau, avaient senti le filon. Anticipant, elles avaient fait connaître leurs ambitions dans le  dessalement d'eau de mer. La BCIA disparaîtra en août 2003, sans rien réaliser, la Commission bancaire de la Banque d'Algérie ayant décidé de lui retirer l'agrément .
Quant au groupe Khalifa, il avait pu installer, au début 2002, au port de Zemmouri (60 km à l'Est d'Alger), sur un quai de servitude, donc gênant le trafic portuaire. Mais l'eau dessalée qui en sortait était  imbuvable.  Rien n'a subsisté après la disparition de Khalifa Bank, en mars 2003, quand la Commission bancaire annonça le début de la chute du Groupe Khalifa, aussi fulgurante que sa montée en puissance à sa création en 1998.
10. A l'origine, l'industrie pétrolière
Avec le développement de l'industrie pétrolière, des petites unités de dessalement et de déminéralisation ont vu le jour dans les régions d'Arzew, Skikda, Hassi R'mel et Hassi Messaoud. En 1964, une première station a été installée à Arzew.
La deuxième, en 1969, avait une capacité de 4.560 m3/j. A l'époque, un certain nombre d'études sur le dessalement ont été lancées par différents secteurs. En 1995, le Gouvernement a approuvé le projet d'installation d'une unité de dessalement d'eau de mer dans le complexe d'Arzew, projet repris et actualisé en 2002. Elle devait être couplée à une centrale électrique à cycle combiné.
En 2000, il y avait 43 petites unités de dessalement installées en Algérie. A ce moment, les prévisionnistes estimaient qu'en 2020, les besoins en eau en Algérie seraient d'au moins 11 milliards de m3. Il faudrait, affirmaient ils, non seulement construire au minimum une cinquantaine de barrages, mais aussi une vingtaine d'unités de dessalement d'eau de mer, et surtout rénover des dizaines de milliers de km de conduites d'eau, pour réduire les pertes qui étaient alors de 30 à 50 %.

11. En 2024, une priorité stratégique

La faible pluviométrie  a fait du dessalement de l'eau de mer, une priorité stratégique des pouvoirs publics. Au plus haut niveau, par le Président Tebboune et au niveau d'exécution, sur le terrain, tous sont «aux petits soins» avec le programme présidentiel de dessalement pour respecter le délai de rigueur, «avant la fin 2024».
Le P-dg de Sonatrach, Rachid Hachichi, pourtant très pris par les préoccupations liées au marché international de l'énergie, pétrole et gaz, principalement, veille au grain. Il était, récemment, dans la wilaya de Béjaïa où il a inspecté le projet de réalisation de la station  de Tighremt. Cette station doit couvrir à la fin de l'année les besoins de 3 millions d'habitants de la wilaya de Béjaïa et de localités voisines des wilayas de Bouira, de Sétif et Bordj Bou-Arréridj.

12. La face cachée, maintenance et environnement 

On se préoccupe également de l'«après». Il n'est pas question de reproduire l'expérience négative de la station d'El Mactâa, près de Mers El Hadjadj, à Oran, qui alterne – depuis sa mise en service en 2016 par l'ex-Premier ministre, Abdelmalek Sellal – les annonces d'un énième «arrêt total» et du «retour à la normale» et créé des perturbations  dans l'approvisionnement en eau.

13. La mission de  L'Agence nationale de dessalement de l'eau

 L'ANDE, établissement public à caractère industriel et commercial, a pour mission  de «réaliser, d'exploiter et d'assurer la maintenance des stations de dessalement de l'eau et des infrastructures et équipements y afférents, en menant toutes actions et opérations concourant à cet effet». 
L'AEC, qui s'occupe aussi d'énergies renouvelables, est attendue sur une autre priorité : produire l'hydrogène vert en utilisant l'eau de mer dessalée par ses stations.
C'est l'instruction du Président Tebboune: pour la production d'hydrogène vert, recourir aux stations de dessalement, afin d'économiser les ressources en eau conventionnelles (
 La Nouvelle République, par M'Hamed Rabah, avril 2024).

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