L'intellectuel, martyr héros, yeux crevés, brûlé vif, par les hordes coloniales pour qu'il ne voie pas son Algérie indépendante.
Ahmed Inal est né un 24 Février 1931 à Tlemcen, il est décédé le 20 Octobre 1956 à Ben Badis.
Fils de Mohamed et de Boukli-Hacène Melahcène dite Chérifa et/ou Chicha.
Mohamed le père est très pieux, lettré, ouvert et de tendance UDMA (Ferhat Abbès).
Après avoir entamé sans suite des études de médecine (le code l'indigénat obligeait à la naturalisation), il s'initie aux études de distillerie de vin, qu'il arrête à cause du poste qu'il allait occuper (h'ram).
Après un bref passage à la clinique du docteur Dubois et une expérience dans le commerce des dattes, il repasse avec succès un concours et est recruté comme agent technique de la santé à Sebdou 1920 -1933 puis à Ouled El Mimoun 1933 -1943 comme auxiliaire médical avec le médecin de colonisation le Dr Soulier.
Lors de l'épidémie du typhus, il est contaminé et meurt le 30 Novembre 1943.
La mère reprend son activité de filature (Kardach E'ssouf) avec l'aide de son frère Hadj H'mida, de sa sœur Fatima ainsi que son frère Si Djelloul Inal.
Ahmed Inal a alors 12 ans et il devient l'aîné.
Il fait ses études primaires à Ouled El Mimoun (ex-Lamoricière) et il a comme directeur, M. Pastorel.
Il entame ensuite ses études secondaires au collège de Slane.
Il décroche la première partie du bac en 1947 et la seconde partie en 1948 à Oran.
Il fréquente la bibliothèque des Amis du livre attenante au cercle des Jeunes Algériens, à la même période Cheikh Mahdad, lui aussi au collège, se présente aux législatives sous l'étiquette UDMA.
Ahmed le soutient et lit régulièrement le journal Le Manifeste de Ferhat Abbes.
Après avoir obtenu son bac en 1948, il ne peut poursuivre ses études supérieures faute de moyens.
Il obtient un poste d'instituteur, le premier,
à Aïn El Hout le 03 Octobre 1949 puis à Sebdou en 1950 où il a des démêlés avec son entourage.
Ahmed quitte Tlemcen pour Paris en 1951.
Il décroche un certificat propédeutique à Paris Sorbonne en 1952.
En France, Ahmed a une activité inlassable dans le monde estudiantin.
Il rentre à Tlemcen où il est promu Maître auxiliaire en histoire au collège de Slane et ce à compter du 25 Octobre 1955.
A ce moment, le futur Colonel Lotfi Deghine Benali, né le 07 Mai 1934 et élève de la Médersa de Tlemcen, passe à la clandestinité.
Tlemcen connaît début Janvier 1956 des évènements inoubliables :
le Docteur Benzerdjeb est arrêté le 07 Janvier 1956 puis exécuté le 17 Janvier de la même année.
Les obsèques doivent avoir lieu au cimetière de Sidi Senouci : c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase.
Ses obsèques mettent en état d'alerte la ville de Tlemcen qui, pendant trois jours, tient tête au Sous-Préfet Bonhomme et à ses troupes les obligeant à un couvre-feu et à une riposte barbare.
Ces évènements montrent la maturité des Tlemcéniens, le travail inlassable des responsables, une solidarité dans les épreuves terribles et une conscience politique incroyable.
L'ombre de Ahmed Inal est partout.
Son action pendant ces manifestations est de premier ordre, comme souligné par la note confidentielle des services de l'époque (retrouvée dans les archives et reproduite) ainsi que par les différents protagonistes.
N'ayant pu accéder à des archives classiques pour des raisons obscures, nous n'avons pas encore trouvé trace de cette motion remise par Ahmed Inal au Sous-Préfet Bonhomme.
On aurait aimé donner plus de détail sur son cursus et celui de ses élèves à cette époque…
Ahmed Inal fidèle à lui-même et à ses idéaux malgré le poste qu'il occupait depuis Octobre 1955 agit à visage découvert face à l'ennemi et quoi que cela pût lui en coûter.
Sa première planque (pendant au moins 20 jours) est à la rue de Paris près de la Mosquée de Lalla El Ghriba auprès de son cousin Mustapha Inal.
Dès que le contact avec le Front est décidé, Ahmed Inal rejoint le Maquis en Mai 1956 et prend le nom de guerre de Si Djaâfer.
Ce nom sera repris par son frère Mustapha après le décès de Ahmed au combat.
Entre Janvier et Avril 1956, Ahmed Inal continue ses réunions secrètes chez lui à la maison et avec « l'équipe » du moment dont nous cherchons à retrouver trace.
La police le surveillait comme son ombre savait qu'il était toujours en poste à Tlemcen.
Ils ne perdirent sa trace que vers le 20 Avril 1956 (journal L'Echo du Soir du 29 au 30 Avril 1956).
Au Maquis, il fait des va-et-vient incessants à travers la frontière Marocaine. Il joue très souvent le rôle de correspondant de guerre pour le journal El Moudjahid.
En Octobre 1956, à la suite d'une information, une embuscade lui est tendue par les éléments des tirailleurs ainsi que par des blindés nomadisés de la 13ème
Division d'Infanterie dirigée par le Capitaine Vincent, Ahmed a le grade de lieutenant, il permet à ses amis de battre en retraite, notamment le Commandant Ferradj.
Tout en tirant pour protéger ses amis, il continue de brûler les nombreux documents qu'il transporte.
Blessé, il est fait prisonnier par les éléments de la compagnie et torturé sur place puis dans une ferme. En vain.
Ahmed ne parle pas, bien qu'on lui ait crevé les yeux pour ne pas voir son Algérie indépendante.
Ayant craché au visage de son tortionnaire, le Capitaine Vincent voulant montrer son courage ou sa lâcheté devant tout le monde, enferme Ahmed dans une caisse en bois puis y met le feu.
Ahmed Inal est brûlé vif « pour servir d'exemple à tous ceux qui oseraient prendre les armes contre la France ».
La déclaration de son décès est faite par Mernier Nemri. Il est enterré à Ben Badis (ex-Descartes).
L'onde de choc est terrible, Ahmed Inal, qui a milité depuis les années 50 pour la lutte Armée, qui à l'étranger était un exemple de probité, de courage et de sacrifice pour l'idéal d'une Algérie indépendante sous la bannière du Front, n'est plus et de quelle façon…
Sa mort ne restera pas vaine. L'informateur et sa compagnie avec à sa tête le sinistre Capitaine Vincent sont éliminés quelque temps après par un autre Si Djaâfer…
Nous aspirons grandement que les acteurs dans toute cette série d'évènements (enfance, études, compagnons d'armes et de militantisme) puissent mieux nous éclairer sur Ahmed Inal et nous corriger en cas d'erreur. Allah Yerrahmek Ya Si Ahmed !(Samir Benblal, Facebook).
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