mardi 16 août 2022

Ghazaouet : Les mausolées,entre légende et spiritualité.

Les marabouts suscitent à nouveau un dévouement frénétique,
Il se manifeste autour de leurs tombes. Des jeunes et des moins jeunes, des femmes notamment, à la recherche de la baraka du saint, continuent de rendre visite, souvent discrètement, à ces saints guérisseurs. Cette pratique ancestrale perdure encore et revient en force pour ceux qui viennent se recueillir ou demander une faveur. Au fil des générations, des légendes des plus mystérieuses se sont retrouvées inextricablement liées à ces marabouts à qui on prête le pouvoir de guérir certaines maladies.
Quand la médecine montre ses limites, 
C'est vers ces marabouts que les malades se tournent, à la recherche d'une guérison miraculeuse. De facto, le «wali guérisseur» reçoit des malades. A titre d'exemple, le mausolée de Sidi Amar, le plus vénéré de la région de Ghazaouet,  considéré comme «Moulay el bled» (nldr : le saint-patron de la ville). Il aurait vécu vers le XIIe siècle. D'après certains, Sidi Amar s'appellerait Sidi Amar Ben Antar et serait originaire de Djebel Antar, nom d'une montagne du Sahara. Tous les ans, après le séchage des figues, une «waâda» grandiose donne lieu à des sacrifices, festins et fantasia. On y vient des Beni Mishel, Souahlia, Djbala, Ouled Ziri, Djamaâ Sekhra, etc.
La "Ziara du Mrabet" et ses bienfaits  

La waâda est aussi l'occasion pour faire des échanges commerciaux et de nouer des alliances par les liens du sang, le mariage…un réseau social des temps anciens. Les gens viennent aussi pour se soigner. Sidi Amar a la réputation de guérir les maux d'estomac, les migraines et les fièvres. Les hommes choisissent les lundis et vendredis pour visiter son tombeau et implorer la guérison. Les femmes s'y rendent surtout les lundis et prélèvent un peu de terre (imprégnée de la baraka) pour l'appliquer sur la partie malade en emportant  une petite quantité de terre afin de poursuivre le traitement.

La légende de Sidi Amar

Aussi, les femmes qui n'ont pas d'enfants prennent un foulard du sanctuaire qu'elles portent autour de la taille 7 jours durant, puis le remettent à sa place. Selon une légende, Sidi Amar (encore jeune et célibataire) ainsi que son serviteur auraient été assassinés pendant qu'ils priaient par un homme des Trara (actuellement la commune de Dar Yaghomracen), qui avait juré de tuer la première personne qu'il rencontrerait à une époque où, semble-t-il, les Sahlis étaient en guerre avec les Traris! On ajoute que son assassin fut dévoré par les bêtes. 
Sollicité à sa mort de faire connaître le lieu de son enterrement, il aurait répondu: «Après ma mort, chargez mon corps sur une mule noire et laissez-la marcher au gré de sa fantaisie. A l'endroit où elle s'arrêtera, creusez une fosse, ce sera là ma dernière demeure.» 
 

Mausolée de Sidi M'Hamed El Ghrib

Non loin, le mausolée de Sidi M'Hamed El Ghrib, à qui on attribue le pouvoir de guérir les yeux. Les malades se frottent l'œil 7 fois avec un œuf. L'autre exemple est celui de Sidi Brahim, dit «Sidi Bouknadil». Le sanctuaire de ce saint est situé sur un mont près d'un olivier, à 200 mètres à l'ouest du village de Aïn Kolla. Les anciens reconnaissaient aussi comme «wali» les lieux d'où se dégageaient des feux follets, flammes légères de phosphore d'hydrogène, considéraient comme surnaturelles. Ils repéraient l'endroit  en y entassant des pierres.

Le récit du  "hawch" Sidi Brahim

de Ain Kolla, Ghazaouet 

Dans ce cas, l'endroit était le plus souvent surnommé Sidi bou Qnadil (Monseigneur des lumières) ou «l'homme aux quinquets». C'est exactement ce qui s'était produit à Aïn Kolla (Ghazaouet). M. Romero, habitant à proximité,  pour se concilier les bonnes grâces des habitants, fit construire à ses frais, vers 1921 et par des maçons européens, ce mausolée. L'emplacement où il s'élevait se serait trouvé dans l'ancien cimetière de Aïn Kolla. Les habitants étaient convaincus que ce geste du colon avait porté bonheur à son auteur qui était devenu riche par la volonté du pseudo-saint.

Du coup, on l'appela «hawch» de Sidi Brahim. Depuis cette époque, ce colon organisait tous les ans (vers la fin août, début septembre), une «waâda» à laquelle étaient conviés les habitants de Aïn Kolla et des alentours. Roméro faisait sacrifier, en l'honneur du pseudo-saint, un mouton de son troupeau. Seuls les hommes y assistaient. Sidi Brahim est spécialement invoqué pour les affections des voies respiratoires et des poumons (toux, bronchite, etc.). Les femmes qui y emmènent leurs enfants se munissent presque toujours d'une vieille faucille qu'elles passent sept fois sous la gorge du malade et qu'elles abandonnent.

Lalla Ghazwana

Il y a aussi l'exemple de Lalla Ghazwana, une femme à la très grande beauté, considérée comme une sainte. Elle avait la réputation d'avoir été une femme guerrière d'un grand courage et chef des pirates et écumeurs de mer qui peuplaient la bourgade de Taount sous la domination turque. A sa mort, elle fut ensevelie dans la célèbre mosquée Djamâ Nour

De nombreux récits existent concernant Lalla Ghazwana. Ainsi, des conteurs rapportent qu'une femme couverte de vêtements blancs immaculés, de clochettes d'or et de bijoux étincelants, se promène à pas lents, au crépuscule, à travers les décombres de la ville. C'est pourquoi les gens crédules ne s'attardent jamais le soir dès que le soleil se couche.(El Watan, O El Bachir, Aout 2022). 

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