L’anecdote est rapportée par l’actuel Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal.
À l’époque où il dirigeait le ministère des Ressources en eau, il avait
entrepris une tournée d’inspection à Tlemcen, Maghnia et Ghazaouet,
trois grandes villes de l’ouest du pays. À la fin du périple, alors que
la délégation s’apprêtait à regagner Alger, le ministre décide
subitement de changer d’itinéraire en s’imposant une halte à Nedroma,
jadis résidence des princes de la dynastie berbère des Zianides, qui y
régnèrent entre le XIIIe et le XVIe siècles, et terre d’accueil des
musulmans et des juifs chassés d’Espagne après la Reconquista, à une
soixantaine de kilomètres au nord-ouest de Tlemcen. Pour justifier ce
détour, Sellal, jamais avare de bons mots, lance aux journalistes : «
Vous voulez que Hadj el-Ghaffour se fâche contre moi ? ! »
Hadj Mohamed el-Ghaffour, aujourd’hui âgé de 85 ans, est le maître du hawzi (musique arabo-andalouse).Depuis que le président, Abdelaziz Bouteflika,
l’a affublé, lors d’un meeting pour la promotion du référendum portant
sur la concorde civile, en septembre 1999, à Tlemcen, du surnom de
Boulboul el-Djazaïr (« le rossignol d’Algérie »), ledit rossignol est
devenu ami, conseiller et confident du chef de l’État.Tous les prédécesseurs de Bouteflika – sauf Ben Bella – venaient de l’Est du pays.Boumédiène était de Guelma, Bendjedid d’Annaba, Boudiaf de Msila, Kafi
de Skikda et Zéroual de Batna. Pendant quarante ans, les Algériens ont
évoqué à juste titre la prédominance du clan BTS (Batna, Tébessa, Souk
Ahras). Abdelwahab Nouri, préfet de Tlemcen pendant neuf ans, avant d’être
promu ministre de l’Agriculture, en 2013. Son arrivée dans cette
métropole de plus de 1 million d’habitants, il la doit à sa rencontre
avec le président en 2004, à Sétif. Son prédécesseur, Zoubir Bensebane, était surnommé par les Tlemcéniens
Rocky el-Beznassi (« Rocky le businessman ») en raison, dit-on, de son
goût immodéré pour les affaires. Nouri, lui, est baptisé mouwazaa
el-arzaq (« distributeur de richesses »). Avec cet inspecteur des
finances originaire des Aurès, le robinet des subventions coule à flots.
Université, hôtels, logements, musées, aéroport, routes, les chantiers
poussent comme des champignons. Pour accélérer les délais de livraison,
la quasi-totalité des projets est confiée à des entreprises chinoises
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