vendredi 3 février 2023

Plaine de Maghnia : Ressusciter ces terres fertiles…

La  baisse pluviométrique, 

le niveau bas des barrages et celui des puits font que l'eau manque. Nous forçons notre destin pour continuer à travailler nos terres, mais jusqu'à quand ?», s'interrogeait, dépité, le président de l'association des fellahs indépendants de Maghnia, Abdelhamid Bouhassoune. Hamoud Zitouni, ancien directeur des services agricoles dans la wilaya de Tlemcen, témoigne, en expert, «la plaine de Maghnia est l'une des plus riches. Son problème est la rareté de l'eau. Sans eau, pas de culture intensive dans une zone particulièrement chaude. Sa distribution par les services de l'hydraulique est hasardeuse, son usage est peu rationnel et parfois anarchique. Le projet du Grand bassin  mort né de Souani (25 km plus loin) est un témoin de cette incapacité de l'époque. Seule la remise en état du périmètre irrigué et sa gestion rigoureuse et moderne peuvent sauver cette  plaine. Le gros effort à consentir est d'accompagner les agriculteurs dans l'usage des techniques modernes d'économie de l'eau».

A la rareté de l'eau s'ajoute l'envahissement du béton

Cependant, la mort lente de cette plaine est justifiée par mille et une raisons. En plus de la reconversion des terres fertiles en zones urbanisables, souvent d'une manière illégale, par des complicités, les agriculteurs estiment qu'ils n'arrivent plus à «rentabiliser leurs investissements, pour différentes raisons». Avant les fortes pluies et les chutes de neige salvatrices de la semaine dernière, le barrage de Hammam Boughrara (12 km de Maghnia), qui devait irriguer les terres, enregistrait un taux de remplissage inferieur à 50%. Le déficit demeurait ainsi important dans les barrages l'ouest. De plus, la station de dessalement de l'eau de mer de Souk Tléta, dans la wilaya de Tlemcen était tombée en panne. Conséquence : plus de 200 000 habitants, représentant 12 communes vivaient de graves perturbations en eau potable. 

L'espoir de la région, qui est le périmètre irrigué de Maghnia, s'est transformé en cauchemar. Malgré une enveloppe de 4 milliards de dinars allouée par l'Etat  pour la réhabilitation et l'extension de la superficie du périmètre irrigué . 

Difficile développement de la plaine de Maghnia 

Une opération confiée pour sa gestion à l'Office national d'irrigation et de drainage (ONID). «On avait annoncé cet immense projet en grande pompe en avançant des chiffres étourdissants, comme l'emploi de 21 000 personnes, pour ne citer que cela, mais peu importe les chiffres, la plaine de Maghnia avait besoin d'être revalorisée et l'irrigation était indispensable. Passé le temps des discours, les quelque 600 agriculteurs que nous sommes ne voient rien venir», s'insurgent les fellahs.Les agriculteurs expliquent avec amertume la baisse de la production, notamment la pomme de terre, la tomate et les agrumes. «L'électrification rurale était un autre problème. Quant à la production, on a nos mains expertes et notre amour pour la terre, sauf que le secteur n'est pas vraiment organisé. A défaut de chambres froides en nombre suffisant et de marchés de gros, le fellah travaille selon des prévisions ne répondant à aucun critère scientifique ou économique à proprement parler. Un exemple, si un agriculteur met tout son argent et ses efforts dans la culture des pastèques et des melons et que l'année est mauvaise, le fellah se retrouve livré à lui-même. Perdant toutes ses économies, l'année d'après, il optera pour une autre culture, ce qui déséquilibre le marché…»

Le projet du périmètre irrigué… est-il tombé à l'eau ?

Et ce n'est pas fini : «Nous sommes soumis à un passavant, autrement dit, on ne peut acheminer nos produits d'une daïra à une autre sans passer par la douane pour obtenir l'autorisation de circuler. Une procédure administrative qui ralentit notre activité». Au début des années 2000, l'Etat a créé le Fonds national de régulation et de développement agricole (FNDRA), un fonds consistant à aider et subventionner les agriculteurs pour, espérait-on, produire plus et mieux. 60 millions d'euros ont été débloqués dans la wilaya de Tlemcen qui possède 124 000 ha de terres emblavées. «Tout cela pour qu'une dizaine d'années plus tard, le prix de la pomme de terre, entre autres, a doublé», reconnaissent amèrement nos interlocuteurs. 

Maghnia, un avenir prometteur 

Bonne nouvelle, cependant, depuis mars 2022, pas moins de 500 exploitations agricoles dans la wilaya de Tlemcen ont été raccordées au réseau électrique, selon la direction locale de Sonelgaz. «Les fellahs concernés ont bénéficié de ces raccordements sans condition préalable de payer les frais (…) les efforts se multiplient pour accélérer le rythme des travaux, visant à contribuer au développement local, surtout que Tlemcen est une wilaya agricole par excellence… Avec les nouvelles donnes, les terres fertiles de la plaine de Maghnia seront ressuscitées… ( El Watan, par Chahreddine Berriah, le 2 février 2023). 

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