dimanche 24 avril 2022

Le cheval en Algérie

L’existence d’une race équine endémique, le cheval Barbe, et qui sera à l’origine de certaines races européennes (Pur-Sang Anglais, Andalou, Lusitanien) et américaines (Mustang, Palomino, Quarter Horse), montre toute l’étendue et toute la richesse de notre biodiversité animale.

Ces qualités ne manqueront pas d’être exploitées par les envahisseurs qui se sont succédés dans notre pays. Les romains, utiliseront ainsi le cheval numide, pour leur cavalerie, les jeux de cirque et les courses de chars.

 La France, intéressée par les qualités des chevaux algériens, procédera dès 1846, à la mise en place d’une organisation moderne d’élevage équin, destinée à la remonte de sa cavalerie et s’appuyant sur la création d’un réseau de stations de monte implantées dans les zones potentielles, et alimentées par les dépôts de reproducteurs d’Oran, Mostaganem, Blida et Constantine

Cette organisation, sera complétée par la création en 1877,de la Jumenterie de Tiaret, dédiée à l’élevage des races Arabe et Barbe. Elle sera à l’origine de la création de la race Arabe-Barbe et supplantera très vite le célèbre Haras de Pompadour (Benabdelmoumène, 2003).

Races des chevaux exploités en Algérie, Les principales races de chevaux que l’on retrouve en Algérie sont les suivantes : 

 La race "Barbe" 

La présence du Barbe en Algérie remonterait à plus de 30.000 ans, ce qui contredit les hypothèses qui le donnent comme originaire du Yemen. Sa trajectoire historique est plus que remarquable. On le retrouve notamment sur :  une dalle peinte représentant deux chevaux attelés à un char Tamadjert (Tassili Azguer), les traits du cheval Barbe se reconnaissent nettement dans cette gravure,la monnaie de Massinissa,  l’Aguélid âgé de 88 ans montait encore sur son cheval et menait les Numides à la victoire des Campi Magni en 150, contre les Carthaginois,  au revers des monnaies royales. 

Le cheval Barbe sera également un acteur dans l’expansion de l’Islam en Europe méridionale du VIII ème siècle. Tarik Ibnou Zyad, général berbère, rassemble 12 000 cavaliers et passe le détroit qui porte son nom (Gibraltar), à la conquête de l’Espagne et du Sud de la France. 

Le cheval Barbe marquera de son empreinte plusieurs races européennes (Espagnole, Portugaise, Autrichienne) et par ricochet historique, des races américaines par le biais des conquistadores. Le Barbe sera également omniprésent dans la littérature et la poésie ; magnifié par l’Emir Abdelkader, célèbre hippiatre, à la science hippique reconnue par le général Daumas qui lui consacrera une large place dans son ouvrage « Les Chevaux du Sahara » édité en 1858 (Benabdelmoumène, 2003). Cheval d’équitation traditionnelle par excellence (Fantasia), il suscite actuellement l’intérêt dans les clubs d’équitation ainsi que dans les courses d’endurance à l’échelle internationale (Rahal, 2008).  Le standard officiel de la race barbe, fixé par l’Organisation mondiale du Cheval barbe (OMCB), créée à Alger en juin 1987. 

 La race "Arabe - Barbe"

 L’Arabe-Barbe, création de la Jumenterie de Tiaret -dont la création remonté en 1877-, dédiée d’abord à l’élevage des races arabe et barbe, constitue la race prédominante en Algérie (Benabdelmoumène, 2003 ; Kadri, 2006 ; Guedaoura et al., 2011).

le cheval Arabe-Barbe constitue une véritable réussite de l’élevage équin algérien. Alliant la rusticité, l’endurance et la sobriété du Barbe, à l’élégance des formes et la vitesse de l’Arabe, il fera merveille sur les champs de bataille et sera produit en grand nombre par l’armée française pour la remonte de sa cavalerie. Cheval « à tout faire », il est très prisé pour les travaux agricoles, l’équitation moderne et traditionnelle et l’attelage. Produit en grand nombre, ses effectifs sont estimés à 30.000 têtes de race équine à part entière l’Arabe-Barbe exprime toutes ses qualités lorsque le pourcentage de sang Arabe ne dépasse pas les 50 % (Benabdelmoumène, 2003 ; Guedaoura et al., 2011). Le nombre de produits Arabe-Barbes purs, inscrits au stud-book algérien du cheval Barbe, nés entre 1993 et 2004, est de 3379 selon les données de l’Office national du Développement de l’Élevage équins et camelins (ONDEEC) (Rahal et al., 2009). 

Cependant, la population Arabe-Barbe reste principalement composée de « présumés », non-inscrits, qui sont identifiés comme tel, le plus souvent uniquement sur base de leur morphologie, faute de connaître les origines de leurs ascendants. 

La race "Pur-Sang Arabe" 

 Les chevaux Arabes constituent la plus ancienne des races pures ; ils sont à l’origine de toutes les races modernes de chevaux de modèle léger et, en dépit de la contradiction apparente de leurs deux qualités essentielles, c’est également eux qui sont les plus célèbres pour leur exceptionnelle beauté et pour leur incomparable endurance (Edwards, 1974). 

L’histoire du Pur-Sang Arabe en Algérie remonte probablement à l’invasion des arabes, au 7ème siècle, même si les conquérants ont vite adopté la race locale (le Barbe), mieux adaptée aux reliefs montagneux et arides des régions d’Afrique du nord. Plus tard, le colonisateur français lui consacrera en 1877 un Haras à Tiaret appelé « Jumenterie de Chaouchaoua » qui produira, à partir de sujets importés d’orient (Syrie, Egypte…), des lignées mondialement célèbres. Les juments Chérifa, Wadha, Nimrin, et les étalons Safita, Quatre As et Bango, seront à l’origine des lignées, française, polonaise et russe, actuellement très prisées.

 A partir de l’année 1983, la situation de cette race a eu un tournant décisif avec l’instauration de courses de Pur-sang arabe à l’hippodrome du Caroubier (Alger) puis d’Oran, alimentées au départ avec des chevaux arabes polyvalents, nés et élevés en Algérie. Le Haras de Tiaret a joué un rôle prépondérant à ce niveau, puisqu’il a injecté à lui seul plus de 700 coursiers dans les hippodromes. C’est à cette époque qu’ont commencé les premiers croisements de Pur-Sang Arabe en vue d’obtenir des modèles coursiers. Ainsi, le haras national de Tiaret achetait les chevaux qui se distinguaient en course, alors que des propriétaires privés ont réussi à sélectionner et produire des chevaux arabes de course renommés à cette époque (Hammam, Dimachk, Mesk …).

 Les effectifs sont estimés à 1000 chevaux, et dont 90% sont issus du Haras National Chaouchaoua de Tiaret. La race Arabe dispose d’un Stud Book (livre généalogique), et l’Algérie est membre actif de la World Arabian Horse Organisation (WAHO) qui compte 57 pays membres (Benabdelmoumène, 2003)

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