
Quoi qu’il en soit, le peu d’informations disponibles et fiables sur les origines du matrag font remonter la genèse de sa pratique, à l’époque de l’Emir Abdelkader, c’est-à-dire à un moment où les Algériens entrent en résistance armée contre l’invasion française . Il semble évident que cet état de guerre intense et quasi-permanent, qui dura plus de quinze ans (de 1830 à 1847), favorisa et développa encore un peu plus les pratiques guerrières au sein des tribus arabo-berbères de l’ouest algérien qui était, il faut le rappeler, le théâtre principal de la lutte musulmane contre l’occupant français. Ce n’est sans doute donc pas un hasard si l’art du matrag s’est particulièrement développé dans cette région .
Et puisqu’on évoque l’esprit et la symbolique, il n’est pas inutile de rappeler que les grands maîtres ("cheikhs") du matrag rappellent souvent un verset du Coran auquel il rattache leur pratique, ce qui ajoute encore à l’identité arabo-musulmane profonde de cet art martial : « Il (Moïse) dit « C’est mon bâton sur lequel je m’appuie, qui me sert à effeuiller (les arbres) pour mes moutons et j’en fais d’autres usages » (Coran 20/18). Il s’agit du passage coranique dans lequel Moïse se trouve dans la vallée sacrée Tuwâ où Allah, exalté soit-Il, s’adressa directement à lui en lui disant : « Et qu’est-ce qu’il y a dans ta main droite, ô Moïse ? ». Il dit : « C’est mon bâton sur lequel je m’appuie, qui me sert à effeuiller (les arbres) pour mes moutons et j’en fais d’autres usages ». [Allah lui] dit : « Jette-le, Ô Moïse». Il le jeta : et le voici un serpent qui rampait. [Allah] dit : « Saisis-le et ne crains rien : Nous le ramènerons à son premier état » (Coran 20/17-21). Ainsi, les maîtres du matrag voient dans la phrase « […] et j’en fais d’autres usages » la possibilité que soit sous-entendu le combat au bâton, mais Allah, exalté soit-Il, sait mieux.
En outre, le matrag

Pour ce qui concerne la pratique en tant
que telle, on peut dire que le matrag oppose deux adversaires armés
d’une canne, parfois de deux. Il s’agit donc d’une forme de duel qui
n’est pas sans rappeler le birâz qui était pratiqué
traditionnellement par les chefs de clans algériens afin de mettre un
terme, par un duel justement, à un conflit intertribal en évitant ainsi
que se multiplie sans fin le nombre des victimes collatérales.
Les coups sont codifiés de manière stricte – on ne frappe pas anarchiquement – et ils sont au nombre de quatorze, tous portés de taille, c’est-à-dire du « tranchant » de la canne, les coups d’estoc (avec la pointe), beaucoup plus dangereux, sont formellement prohibés, sauf dans une situation de légitime défense, face par exemple à un individu armé d’un couteau. Ainsi, on a deux coups (intérieur/extérieur) aux oreilles (tarcha, littéralement « assourdissement »), deux aux mentons (lihya, « barbe » en arabe), deux au front (ra`s), deux dans les cotes (janb), deux dans le bas des jambes (rijl), deux dans les épaules (katf) et deux dans les coudes (mirfaq). Et à partir de ces quatorze coups ont été élaborées au fil du temps des combinaisons, ou hisâbs (comptes, calculs), composées de plusieurs coups donnés dans un ordre bien défini, lesquelles combinaisons sont connues et pratiquées par tous.
Les coups sont codifiés de manière stricte – on ne frappe pas anarchiquement – et ils sont au nombre de quatorze, tous portés de taille, c’est-à-dire du « tranchant » de la canne, les coups d’estoc (avec la pointe), beaucoup plus dangereux, sont formellement prohibés, sauf dans une situation de légitime défense, face par exemple à un individu armé d’un couteau. Ainsi, on a deux coups (intérieur/extérieur) aux oreilles (tarcha, littéralement « assourdissement »), deux aux mentons (lihya, « barbe » en arabe), deux au front (ra`s), deux dans les cotes (janb), deux dans le bas des jambes (rijl), deux dans les épaules (katf) et deux dans les coudes (mirfaq). Et à partir de ces quatorze coups ont été élaborées au fil du temps des combinaisons, ou hisâbs (comptes, calculs), composées de plusieurs coups donnés dans un ordre bien défini, lesquelles combinaisons sont connues et pratiquées par tous.
Le déroulement d’un échange est donc assez simple, l’attaquant donne une
série de coups, le défenseur les pare selon des techniques bien
établies puis à son tour porte la même série à son adversaire. Le but,
afin de progresser, est de combiner les hisâbs courts, ce qui
peut amener certains à produire sans interruption des séries d’une
quinzaine ou d’une vingtaine de coups. Ce travail nécessite un gros
travail de mémorisation pour celui qui se doit de répéter ce type de
séries. L’objectif, après s’être familiarisé aux gestes, combinaisons et
enchaînements des coups, est d’habituer l’œil aux coups imprévisibles ;
c’est ainsi qu’à un niveau supérieur les pratiquants font des feintes,
des variantes ou introduisent des coups non prévus dans leurs hisâbs .
Les hautes valeurs et vertus émanant de l’Islam président à la pratique de cet art ; ainsi, même si les combats peuvent être spectaculaires, voire donner une impression d’une grande violence, les pratiquants du matrag sont le plus souvent, lors des duels et en dehors, des gens respectueux, humbles, honnêtes et considérant la fraternité et l’honneur comme des valeurs cardinales, aussi il est extrêmement rare que des combats de canne dégénèrent.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les réflexions que vous ajoutées sont essentielles pour le site , merci de votre contribution.