Tlemcen : Wilaya V, les centres de tortures
Faisant partie de la Wilaya V historique lors de la guerre de libération nationale, la wilaya de Tlemcen compte 93 centres de torture. A ce nombre, s'ajoutent neuf centres de détention et trois camps de concentration dans les communes de Tlemcen, Beni Bahdel, Ouled Mimoune, Souahlia, Ghazaouet, Remchi, Beni Boussaïd, entre autres.
L'administration coloniale et ses pratiques barbares
Le village Beghaoun, relevant de la commune de Souahlia, avait la triste réputation d'avoir abrité le centre de détention le plus sinistre de Tlemcen. La soldatesque coloniale y pratiquait les méthodes de torture les plus barbares. Les Algériens étaient jetés dans les fosses et ensevelis vivants. Les tortionnaires utilisaient les décharges électriques, leur faisaient ingurgiter l'eau savonneuse et versaient du sel sur leurs blessures. Les coups et les violences physiques faisaient partie du quotidien des victimes.
Dar El Adhab (maison de la torture), village de "Beghaoun
Il occupait une position stratégique comme lieu de surveillance, ses habitants ont été regroupés sur la place "Rahabi" et ont été contraints, le 7 juin 1956, de quitter le village. Ce village est resté inoccupé jusqu'à l'indépendance en 1962. Ce village occupait une position stratégique surplombant un certain nombre de dechras (bourgades), dont Draouche, Arkoub, Ouled Ali et Ouled Ziria.
Parmi les moyens utilisés. les tortionnaires dénudaient les femmes devant leurs époux ou leurs frères. Ce centre appelé "Dar El Adhab" (maison de la torture) a vu beaucoup de membres de l'ALN et leurs proches. L'épouse du défunt moudjahid Abdelhafid Azzouz et le moudjahid Hassaïne Aboubakr, y ont subi les pires pratiques. Certains ont perdu la vie. D'autres ont été transférés au centre de torture "Dar Yaghmoracen" sur les hauteurs de la cité Sidi Amar.
Autres lieux de torture : "prison du barrage"
Le centre de torture dit "Barrage", sis au barrage de Beni Bahdel, est l'autre centre de détention aux innombrables crimes du colonisateur français. Il a été créé en 1957 sous forme d'une tranchée longue de 11 mètres et large de 4 mètres.
Plus de 200 Algériens ont été internés et torturés au sein de cette tranchée, dénommée alors "prison du barrage" où les soldats français ensevelissaient les torturés sous le mur du barrage et les couvraient d'immondices jetées d'un trou creusé dans le haut du mur. Une autre construction était utilisée dans l'interrogatoire des moudjahidine, qui étaient enterrés vivants. Il est relevé l'existence de cachots dans lesquels des moudjahidine des villages de Khemis, Azaiel et Beni Snouss, voire d'autres wilayas, étaient entassés et où les tortionnaires lâchaient sur eux des chiens.
Centre de torture "Zenfour"
De son côté, Yabedri Belabbes garde encore en mémoire toutes les pratiques barbares qui lui ont été infligées et se souvient du chahid Bouziani Ahmed, mort étouffé sous la torture, de Latrache Mohamed, dont le corps gangréné et dévoré par les vers au sein même de ce centre, de Betti Abdelkader et Ould Djelloul, et bien d'autres moudjahidine internés originaires de Setif, Jijel, Tébessa et d'autres transférés au centre de torture "Zenfour", dans la commune d'Ouled Mimoune.
Le centre de torture "le château", de Sebdou
Dans la commune de Sebdou, se distinguait tristement par la cruauté des moyens de torture utilisés, selon le délégué de l'organisation des moudjahidine de la daïra de Sebdou, le moudjahid Benziane Abdelkader. "Le centre disposait de réservoirs d'eau utilisés dans la pratique de la torture à l'électricité". Ce témoin se souvient que parmi les torturés se trouvaient les moudjahidine Bendahmane Abdallah, Si Tayeb, Youbi Mohamed, Benmansour Kaddour, Moussa Okacha, Boufeldja et bien d'autres.
Il affirme que de nombreux fils de la ville de Sebdou sont morts sous la torture au sein de ce sinistre centre, dont Djelmoudi Abdeslam, Benmansour Kaddour, Chater Tahar, Chater Abdelkader, Bakhti Aïssa, Bakhti Menoueur, Bakhti Ali, Bakhti Abdallah, Benbouhafs Tahar, Benaïssa Boubekeurn, Bensaha Amar, Sassi Kaddour, Belmhidi Si Miloud, Abdouni Miloud. Trois autres chouhada du village Tefsra, dans la commune de Beni Snouss, y ont également laissé la vie, trois membres d'une même famille, à savoir Gouraï Boubekeur, Mohamed et Ahmed.
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