A Tlemcen, des citoyens sont poursuivis en justice pour avoir fait le
plein. Acquittés par la justice, ils ne peuvent récupérer leurs
véhicules pour autant. Durcissement des procédures ou loi injuste ?
«Au lieu d’étouffer la population avec des lois aussi absurdes, il faut
que les services chargés de lutter contre la contrebande surveillent
convenablement les frontières. Ici, nous avons la trouille à chaque fois
que nous voyons la jauge indiquant le niveau du carburant baisser.
S’alimenter en carburant dans notre région, c’est l’enfer.» A Tlemcen,
notamment à Maghnia, ville frontalière au Maroc, faire le plein est un
luxe que seuls les services de l’Etat se permettent. Des queues
interminables se forment quotidiennement au niveau des 64
stations-service que compte la wilaya.
Un calvaire imposé par la loi pour lutter contre la contrebande du
carburant vers le Maroc. Et un malaise mal digéré par la population
locale, notamment celle de Maghnia. Dans cette ville, un contrôle de
routine par la gendarmerie peut dégénérer en poursuite judiciaire, avec
le risque de finir en prison ou d’écoper d’une amende de quelques
millions de dinars. La cause : l’instruction 05/06 paru au Journal
officiel, le 28 août 2005 (n°59), qui interdit formellement de faire le
plein de tout véhicule, particulier, commercial ou celui de transport.
«Aux yeux de l’Etat, nous sommes tous des halaba (contrebandiers)»,
lancent des jeunes rencontrés place des Djouadjine, non loin du
tribunal, en centre-ville.Indignation
Mohamed Amine Bounoua, 29 ans, père d’un enfant, affirme avoir été interpellé par la gendarmerie alors qu’il était de retour d’un mariage à Beni Saf, wilaya de Aïn Témouchent, à 120 km de la frontière algéro-marocaine. Puis accusé de contrebande de carburant, en vertu de l’article 12 de l’instruction (05/06). «C’est vrai que j’avais le réservoir plein (90 litres) mais j’étais à 120 km de la frontière. Pourquoi m’avoir interpellé ?, s’interroge Mohamed Amine. Ils m’ont accusé de contrebande alors que je n’avais ni tuyau ni jerrican en ma possession. Je devais payer une somme de 5 millions de dinars aux Douanes. J’ai passé 22 jours en prison, puis j’ai été innocenté par la cour de Tlemcen.»
Mohamed Amine n’était pas seul ce jour-là.(El Watan - fevrier 2014).
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