lundi 10 février 2014

Wilaya de Tlemcen : La prison pour avoir fait le plein

A Tlemcen, des citoyens sont poursuivis en justice pour avoir fait le plein. Acquittés par la justice, ils ne peuvent récupérer leurs véhicules pour autant. Durcissement des procédures ou loi injuste ?
«Au lieu d’étouffer la population avec des lois aussi absurdes, il faut que les services chargés de lutter contre la contrebande surveillent convenablement les frontières. Ici, nous avons la trouille à chaque fois que nous voyons la jauge indiquant le niveau du carburant baisser. S’alimenter en carburant dans notre région, c’est l’enfer.» A Tlemcen, notamment à Maghnia, ville frontalière au Maroc, faire le plein est un luxe que seuls les services de l’Etat se permettent. Des queues interminables se forment quotidiennement au niveau des 64 stations-service que compte la wilaya.

Un calvaire imposé par la loi pour lutter contre la contrebande du carburant vers le Maroc. Et un malaise mal digéré par la population locale, notamment celle de Maghnia. Dans cette ville, un contrôle de routine par la gendarmerie peut dégénérer en poursuite judiciaire, avec le risque de finir en prison ou d’écoper d’une amende de quelques millions de dinars. La cause : l’instruction 05/06 paru au Journal officiel, le 28 août 2005 (n°59), qui interdit formellement de faire le plein de tout véhicule, particulier, commercial ou celui de transport. «Aux yeux de l’Etat, nous sommes tous des halaba (contrebandiers)», lancent des jeunes rencontrés place des Djouadjine, non loin du tribunal, en centre-ville.
Indignation
Mohamed Amine Bounoua, 29 ans, père d’un enfant, affirme avoir été interpellé par la gendarmerie alors qu’il était de retour d’un mariage à Beni Saf, wilaya de Aïn Témouchent, à 120 km de la frontière algéro-marocaine. Puis accusé de contrebande de carburant, en vertu de l’article 12 de l’instruction (05/06). «C’est vrai que j’avais le réservoir plein (90 litres) mais j’étais à 120 km de la frontière. Pourquoi m’avoir interpellé ?, s’interroge Mohamed Amine. Ils m’ont accusé de contrebande alors que je n’avais ni tuyau ni jerrican en ma possession. Je devais payer une somme de 5 millions de dinars aux Douanes. J’ai passé 22 jours en prison, puis j’ai été innocenté par la cour de Tlemcen.»
Mohamed Amine n’était pas seul ce jour-là.(El Watan - fevrier 2014).

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