A Bouira, en Algérie, les accords rythmés du raï ont fait retentir un couac sonore, sous l’effet du mécontentement populaire.
Attendu avec effervescence, Khaled, le roi du raï, a certes mis le feu, mais surtout aux poudres !
Précédé par la rumeur de son mirobolant cachet de plus de 7,5 millions de DA, soit 100 000 dollars, le chanteur peut se targuer d’avoir fédéré un large public, étudiants, demandeurs d’emplois, universitaires du pré-emploi, et des administrés luttant pour l’amélioration de leur cadre de vie, tous rouges de colère…
Les claviers ont crépité pour appeler au boycott du spectacle sur Facebook, les ventes des billets s’en ressentant aussitôt. La formidable caisse de résonance du Net a étouffé le grand battage radiophonique , et seuls 8 000 personnes sont venues.
Dans ce public d’inconditionnels, des jeunes ont joué les trouble-fête, et depuis les gradins ont crié à tue-tête : “Ouin rahi el-houkouma ?” (où est l’État ?).
Des slogans scandés en chœur sont devenus les refrains de la soirée : “Khaled yadi 6 milliards ouahna aïchin fi algaraget” (Khaled empoche 6 milliards pendant que nous vivons dans des garages).
Le concert de la star du raï a tourné à la protestation sociale, donnant lieu à des interpellations par la police. Quand la musique se monnaye à prix d’or, dans un pays où les disparités sociales sont cruelles, elle n’adoucit plus les mœurs, elle les exacerbe, en contrariant les plans de ceux qui voudraient en faire l’opium du peuple…
(Source : Oumma.com).( décembre2011)
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